Malgré un parfum très identifiable et populaire, la violette est une fleur dite muette, c’est-à-dire dont on ne peut extraire le parfum directement. Seules feuilles et tiges peuvent être exploitées. Leur extrait dégage une odeur verte de concombre épicé, aux antipodes des effluves de la fleur. Pour restituer l’odeur fruitée, gourmande et légèrement boisée de ses pétales, Francis Kurkdjian utilise les Ionones (ionos signifie violet en grec), des molécules odorantes découvertes et mises à disposition des parfumeurs dès la fin du XIX^e siècle. En parfumerie féminine, la violette apporte une facette poudrée ou une sensation gustative qui se marie très bien avec les notes rosées. Dans un parfum masculin, c’est sa facette verte qui est largement utilisée.

Cette plante peut être de couleur vive sauf en parfumerie où seul le géranium dit Rosat aux fleurs rose pâle est exploité. Il suffit de frotter ses feuilles au doigt pour se rendre compte que ce sont elles qui concentrent le parfum. L’ essence obtenue par distillation des feuilles de Pelargonium graveolens livre une note de tête verte, citronnée, menthée évoquant la citronnelle. Elle se prolonge en coeur par un effet floral rosé. Rien de surprenant puisqu’elle contient près de 35% de composés similaires à l’essence de rose. Bien qu’utilisé dans les parfums féminins, le géranium peut être considérée comme une fleur masculine, puisqu’il rentre dans l’accord Fougère présent dans les savons à barbe.

La puissance et la complexité de son parfum, fauve, boisé, cuiré, fumé et miellé, n’a d’égal que le mystère de sa création ; très aléatoire puisqu’elle dépend de l’infection par un champignon d’un arbre d'Asie du Sud-Est aussi nommé bois d’Agar (Aquilaria). Seuls les spécimens malades produisent une résine aromatique que l’on distille pour obtenir une essence. Figurant parmi les ingrédients les plus recherchés, il est aussi l’un des plus chers, ce qui entraîne du braconnage. C’est pourquoi Francis Kurkdjian a choisi un Oud produit selon des principes de commerce équitable et durable. Il conjugue ses notes tonitruantes avec des fleurs intenses, des épices et d’autres bois pour un sillage envoûtant.

Également appelée rose de mai - car c'est le mois de sa floraison - la rose Centifolia Pays fleurit notamment dans le sud de la France. C’est l’autre variété utilisée en parfumerie, avec la rose Damascena. Son nom « cent feuilles » en latin s’explique aussi par la multitude de ses pétales. Particulièrement délicate, elle ne fleurit qu'une fois par an ce qui explique sa rareté et son coût élevé. La cueillette des roses se fait à la main, tôt le matin. Une fois récoltées, les fleurs de la rosa Centifolia, trop délicates pour être distillées, sont traitées par extraction aux solvants volatils pour aboutir à une absolue. Cette absolue de rose fait partie des notes de cœur et de fond d’un parfum. Ses notes florales rosées généreuses et complexes sont caractérisées par un effet très pétalé doublé d’une facette miellée.

En parfumerie, seules deux variétés de rose sont utilisées pour leurs qualités olfactives : rosa damascena et rosa centifolia. La rose Damascena ou rose de Damas séduit par son parfum très caractéristique miellé et légèrement épicé. Originaire de Perse, cette variété très ancienne est la plus utilisée en parfumerie. Elle est majoritairement cultivée en Bulgarie, en Turquie ou en Iran. Selon les diverses méthodes d’extraction utilisées, différents produits parfumés sont obtenus tels que l’eau de rose, l’essence de rose et l’absolue de rose, aux caractéristiques olfactives toutes différentes. L'absolue de rose est obtenue par extraction aux solvants volatils. Elle possède des notes florales rosées généreuses qui s'expriment principalement dans les notes de coeur et de fond d'un parfum.

L’ambre de parfumerie n’a rien à voir avec la pierre d’ambre jaune, qui est ornementale mais n’a pas d’odeur, ni avec l’ambre gris, qui désigne un extrait animal issu du cachalot. L’accord ambré était à la base d’une série de parfums à succès lancés au début du siècle dernier. Il comportait deux ingrédients phare, le ciste labdanum aux facettes animales, chaudes, résineuses et la vanilline, nouveau corps aromatique doucereux, qui est le composant principal de la vanille. Depuis, on considère que l’association de ces deux notes chaudes et rémanentes forment l’accord ambré, généralement enrichi de fève tonka, de coumarine et de résines type benjoin ou encens, qui sont toutes des notes de fond.

Cette épice est issue d’un arbre tropical, Cinnamomum zeylanicum. Très utilisée dans l’alimentation, elle parfume notamment le vin chaud, le pain d’épices et de nombreuses pâtisseries : un vrai doudou gustatif. Son essence, obtenue par distillation à la vapeur d'eau de son écorce, dégage une odeur chaude boisée mais aussi sucrée et poudrée, gourmande. Sa feuille peut aussi être distillée, livrant alors un résultat plus brut. Intervenant en tête et coeur du parfum, la cannelle est souvent associée aux accords ambrés et boisés. Francis Kurkdjian aime l’associer aux fleurs auxquelles elle apporte du relief.