724 Élixir précieux

Ce bois indien est considéré comme sacré, mentionné dans de nombreux textes en sanskrit et encore brûlé en Asie lors des célébrations religieuses. Pour les parfumeurs, le Santalum album qui pousse en Inde, Chine et Indonésie est la référence, même s’il existe depuis peu deux autres variétés cultivées en Australie et Nouvelle Calédonie. La qualité indienne est souvent qualifiée de Mysore car c’est la région historique du sud de la péninsule qui en produit le plus. L’arbre d’une dizaine de mètres se distille pour offrir une essence rare et chère car il faut plus de 50 ans pour obtenir un arbre utilisable en parfumerie. Sa faible volatilité en fait une note de fond très tenace. Son parfum est boisé, lacté, légèrement épicé, rond, doux et enveloppant.

Molécules de synthèse utilisées en parfumerie depuis le début du 20e siècle, les aldéhydes ont des facettes olfactives très différentes les unes des autres. Elle peuvent évoquer tour à tour des odeurs d’agrumes (orange, mandarine), des odeurs de savon ou bien des odeurs métalliques évoquant le fer chaud (vapeur de pressing…). Souvent associées à des notes florales, elles apportent une fraîcheur effervescente, sophistiquée ainsi qu’un volume et un sillage indéniable.

Connue pour son goût fruité dans le thé Earl Grey, Citrus Bergamia est très utilisé en parfumerie car ses notes de tête signent une fraîcheur pétillante, une sorte de « sourire » du parfum. Son essence est obtenue par expression à froid du zeste des fruits. L’Italie du sud est spécialisée dans la culture de cet agrume qui rentre dans la composition de l’eau de Cologne et dans nombre de créations féminines et masculines où ses facettes fraîches, florales et aromatiques s’étirent jusqu’en cœur.

Il s’agit d’un bouquet de fleurs aériennes juste cueillies et à peine écloses, imaginé par Francis Kurkdjian. Pour cela, il a reconstitué un seringa, aussi appelé jasmin des poètes, au parfum oscillant entre fleur d’oranger et jasmin frais. Puis il a cousu celui-ci avec deux autres fleurs muettes dont il a aussi reproduit les effets, le freesia lumineux et le muguet. La note verte de ce dernier amplifie les parfums hespéridés et laisse une sensation florale aérienne.

De son nom latin jasminum grandiflorum, le jasmin utilisé en parfumerie surprend par sa puissance multi-facettée à la fois florale oranger, solaire, mais aussi fruitée (banane, fraise, abricot), animale et épicée. Le jasmin est d’une complexité étonnante pour une fleur aussi fragile, qui doit être récoltée très tôt le matin avant que le soleil n'abîme son parfum. Seule l’extraction aux solvants volatils permet de l’exploiter avec un rendement très faible, donc un prix élevé. Son kaléidoscope de nuances se fond parfaitement avec d’autres fleurs mais aussi des bois ou des accords ambrés.

Initialement extrait d’un chevrotin du Tibet, le musc naturel est interdit en parfumerie depuis 1973. Des molécules de synthèse destinées à le remplacer sont apparues dès la fin du XIX^e siècle, de sorte qu’il existe aujourd’hui un grand choix de notes musquées dont l’amplitude olfactive varie des facettes fruitées, boisées ou animales. Les muscs sont principalement des notes de fond très persistantes et relativement peu volatiles. Ils ont été très utilisés dans les lessives et adoucissants, raison pour laquelle on parle couramment de muscs blancs car ils évoquent des odeurs de linge propre doux et cotonneux, une sensation de douceur et de confort qui convient à tous genres de parfums. Avec leur moelleux inimitable très apprécié du grand public, les notes musquées rentrent aujourd’hui dans la grande majorité des parfums féminins et masculins.